Maire de Buenos Aires et ex-président du club Boca, Mauricio Macri l’emporte sur le candidat de la présidente Cristina Kirchner, le péroniste Daniel Scioli.
Après douze ans au pouvoir des Kirchner (Nestor, puis sa femme Cristina), les Argentins ont opté pour le changement. Ils ont élu président le maire de droite de Buenos Aires Mauricio Macri : il rafle 51,4 % des voix et devance le péroniste Daniel Scioli (48,6 %), candidat de la présidente Cristina Kirchner, après le dépouillement de plus de 98 % des bulletins.
« Il n’y aura pas de règlement de comptes. Je souhaite atteindre l’objectif d’une pauvreté zéro dans le pays », a notamment promis le candidat de la coalition Cambiemos (Changeons), lors de son premier discours en tant que président élu devant une foule teintée de jaune et de rose. Mauricio Macri, un catholique réputé libéral, hérite d’un pays fragile sur le point économique et déchiré par de graves tensions politiques. Il doit rencontrer mardi la présidente sortante Cristina Kirchner afin de préparer une passation des pouvoirs sans accroc le 10 décembre prochain.
Président sans majorité
Toute la difficulté de Mauricio Macri, qui mène une coalition hétéroclite comprenant une partie du parti radical de feu le président Raul Alfonsín ou encore la candidate anticorruption Elisa « Lilita » Carrio, sera de gouverner sans majorité parlementaire. En effet, son parti Pro ne disposera que de 93 sièges à la Chambre des députés, contre 102 pour le Front pour la victoire de Cristina Kirchner, et de 16 seulement au Sénat. En province, douze gouverneurs sont du FPV, quatre du péronisme dissident (non favorable à la présidente), trois radicaux, deux du Pro et trois d’autres forces. Le nouveau chef d’État pourrait néanmoins opter pour gouverner par décret sur des réformes importantes, ce qu’ont fait les Kirchner ces dernières années grâce à l’utilisation de la loi dite d’« urgence économique ».
Le nouveau président libéral d’Argentine, dont l’élection fait penser à celle de l’homme d’affaires Sebastián Piñera en 2010 au Chili, aura surtout la lourde tâche de redresser l’économie argentine, en berne ces derniers mois. Sur ce terrain, Mauricio Macri a promis le retour des investissements étrangers en Argentine. Fils d’une riche famille d’impresarios d’origine italienne, il a l’avantage d’être le chouchou des milieux d’affaires.
(Olivier Ubertalli,lepoint.fr,23-11-2015)