19 mars 2024

Emblème & Hymne de l’Algérie

L’Emblème National

 L’emblème national est, depuis la qualification de l’équipe nationale  au Mondial, présent dans tous les foyers.

«En 1962, le peuple algérien était assoiffé de couleurs nationales.

Durant la fête de l’indépendance, il s’en est donné à cœur joie, brandissant le drapeau au niveau de chaque coin de rue.

Durant les premières années qui ont suivi la fête de l’indépendance, les Algériens ont continué à l’utiliser dans toutes les fêtes nationales.

Mais petit à petit, leur attachement à l’emblème a diminué…

jusqu’à la qualification  des Verts au Mondial 2010 !

Ceci prouve que l’attachement au drapeau algérien,

même s’il a diminué, n’a jamais disparu», explique Zoheir Ihaddaden, historien et professeur à l’Université d’Alger, dans une conférence à l’occasion de la commémoration  des manifestations du 11 Décembre 1960, organisée hier au forum Echaâb, en collaboration avec l’association Mechaal Echahid.

Le premier attachement à cet emblème est né dans les années 40.

Auparavant, le peuple algérien ne connaissait que le drapeau français.

«Le peuple algérien qui refusait toute idée d’appartenir à l’identité française, refusait de s’identifier à ce drapeau. C’est alors que Messali El Hadj a décidé d’utiliser un drapeau, algérien, pour participer, en 1937, à une manifestation pacifique à Alger pour dire que l’Algérie est algérienne.

Ce drapeau en vert, rouge et blanc, portant une étoile et un croissant de lune, a été confectionné par l’épouse de Messali, une Française d’origine»,

raconte M. Ihaddaden. Mais depuis cette première apparition, l’emblème national n’avait plus occupé les rues d’Alger jusqu’à 1945.

«Au cours de la Deuxième Guerre  mondiale,  avec la défaite de l’Allemagne  qui se faisait sentir, le Parti populaire algérien (PPA) a pensé à manifester dans les rues en portant, à bout de bras, un drapeau national.

Les militants du PPA dont Mostephaï Chaouki, avaient cherché après le drapeau de Messali El Hadj, mais il était introuvable.

Cela dit, ils se rappelaient les couleurs et les symboles utilisés dans ce drapeau.

Ils ont alors fabriqué, dans l’atelier de Moufdi Zakaria,

un drapeau inspiré de celui de Messali.

Il a été exhibé lors de la fête des travailleurs le 1er mai 1945, à Alger, Blida et Oran, puis, le 08 mai 1945 dans toutes les villes de l’Algérie»,

affirme-t-il. Toutefois, selon la version du professeur Amar Khila, également présent à cette conférence, l’emblème national n’a pu être distribué sur tout le territoire national.

«Au niveau de chaque ville, un emblème a été exhibé lors des manifestations du 08 mai 1945. Mais l’emblème différait d’une région à une autre, ce n’était pas partout le même.

Quant au drapeau de Messali El Hadj, il a été utilisé pour couvrir la dépouille d’Arezki Kahal, qui a été à la tête du PPA après Messali El Hadj», assure-t-il.

Il y a également divergence dans le sens des couleurs et

des symboles de l’emblème national.

Selon le Pr  Ihaddaden,

Le vert symbolise l’espérance et le progrès,

Le blanc la paix et

Le rouge le sang des moudjahidine tandis que

L’étoile et le croissant de lune symbolisent l’Islam.

Pour le Pr  Khila qui a effectué  des recherches plus poussées,

Le vert est la couleur de l’Islam.

«Cette couleur était utilisée durant les guerres par Raïs Hamidou,  Khereddine Barberousse…

le rouge est symbole du djihad employé par le sahabi Omar El Khetab

et le blanc par le prophète Mohamed (Qsssl).

Le croissant lunaire est le symbole de l’Islam

et les membres de l’étoile représentent les cinq piliers de l’Islam», estime-t-il.

Cette rencontre qui célèbre également le 47e anniversaire du quotidien Echaâb, s’inscrit dans le cycle du forum sur la mémoire initiée par l’association Mechaal Echahid.

Des prix honorifiques ont été remis aux journalistes fondateurs d’Echaâb, Aissa Messaoudi, entre autres, ainsi qu’à l’historien Zoheir Ihaddaden.

L’hymne national Quassam

« Kassaman »est né aussi à La Casbah d’Alger

Novembre l’éternel, une revanche de l’histoire

La marche de l’histoire est en perpétuel et inexorable mouvement à travers les âges et cycles du temps pour marquer indélébilement les événements et les lieux qui la structurent et en faire des repères pour la mémoire et la postérité.

Il en est ainsi de la genèse de l’hymne national dont l’univers vient d’être revisité à la faveur de l’émission «Carnet d’Algérie», consacrée à la vallée du M’zab et diffusée dernièrement par la Chaîne III de la Radio algérienne, qui est un véritable vecteur de rayonnement culturel pour le grand bonheur de son large et fidèle audimat, captivé cette fois-ci par un point d’histoire majeur ressurgi à la satisfaction de tous car méconnu (ou insuffisamment connu) de l’opinion publique.

Talentueusement animée par Badia Haddad, avec le style de la perfection qui est le sien, et Abderrahmane Khelifa, historien consultant, cette émission a, de par sa judicieuse démarche pédagogique de communication, développé une rétrospective de la genèse historique de Kassaman.

C’est Slimane Chikh, le fils de l’immense poète de la Révolution qui, à travers un vibrant témoignage sur la vie et le parcours de son père, a révélé la synthèse événementielle liée à l’existence de l’hymne national. Avec la précision de l’historien qu’il est, auteur d’un ouvrage intitulé L’Algérie en armes, il s’est exercé à rappeler le contexte politique dans lequel progressait la guerre de libération après le déclenchement du 1er Novembre 1954.

Un édifice mémoriel sonore pour pérenniser une symbolique de la Révolution algérienne

A ce propos, il a affirmé que c’est au cours de l’année 1955, quelques mois après l’insurrection de la lutte armée qu’un des dirigeants de celle-ci, en l’occurrence Abane Ramdane, après concertation, a pris la décision de doter la Révolution d’un substrat mémoriel sonore à dessein de mobiliser l’ensemble du peuple algérien et de galvaniser psychologiquement les troupes des moudjahidine militairement engagés dans le combat armé.

L’opinion et la communauté internationales étaient également ciblées par le projet dont l’impact politique était impérieux pour l’accompagnement de la stratégie diplomatique en direction de l’étranger.

Dans cette perspective, Rebbah Lakhdar, un ancien militant du PPA/MTLD, fut ainsi chargé par Benyoucef Benkheda pour la prospection du milieu littéraire et artistique en vue de la composition d’un poème à l’effet de la structuration d’un hymne national qui mettra en valeur la lutte armée du peuple algérien pour libérer sa patrie des affres d’un colonialisme d’oppression ségrégationniste de non-humanité.

La trame structurante du poème devait se conformer aux recommandations préalables de ne citer aucun nom propre de lieu ou de personne et de dénoncer les exactions de la France coloniale.

Moufdi Zakaria au rendez-vous de l’histoire

Pour accomplir cette mission, Rebbah Lakhdar, qui s’est rendu de Belcourt au centre-ville d’Alger à la recherche d’un contact utile, a incidemment rencontré Moufdi Zakaria, auquel il fit part dans le détail du projet confié par Abane Ramdane et Benyoucef Benkheda
Ce dernier acquiesça spontanément à la demande de ces dirigeants et saisit l’opportunité pour informer son interlocuteur sur une situation particulièrement inquiétante qui prévalait à La Casbah, avec le boycott décrété pour les commerces gérés par les mozabites, notamment à Alger et Blida.

A cela, Rebbah Lakhdar rassura Moufdi Zakaria que cette diversion était une manœuvre de l’administration française et de ses collaborateurs, qui sera éminemment neutralisée par le renouement des liens fraternels de la population avec la communauté ibadite.

Réconforté et confiant, ce dernier se rendit à son local commercial à La Casbah au n° 02 de la rue Blandan, patronyme d’un sergent colonial de sinistre mémoire, tué dans l’opprobre du crime par les moudjahidine à Boufarik en 1842 et qui a été supplanté dans la gloire de l’honneur par le héros Rahal Boualem, barbarement guillotiné à l’âge de 16 ans le 21 juin 1957 à la prison de Serkadji, inaugurant ainsi le cycle bestial de l’enfance assassinée par la France coloniale.

C’est en ce lieu, le soir venu, que l’immense Moufdi Zakaria a lumineusement versifié un poème de serment d’éternité dédié à la gloire de l’Algérie en lutte pour son indépendance. Militant indépendantiste de la première heure depuis l’Etoile nord-africaine, celui-ci portait en son âme la force du verbe et la charge émotionnelle des mots de cette fresque tramée en son être profond par le long parcours de sa vie militante.

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