29 mars 2024

Parcours politique de Feu Ferhat Abbas

Comme des soldats au garde-à-vous devant leur supérieur.

Comme des chiens de garde devant la maison du maître.

Comme des rois fainéants ignorants le labeur, alors que se diriger

simplement vers les archives et la vérité aurait parlé d’elle-même.

Ou alors ils auraient pu se taire.

Et ce qui encore afflige, c’est que les écoliers algériens, à leur si jeune âge

sont pris en otage de la désinformation, puisqu’il existe depuis quelques années,

sur les étalages des librairies algériennes, mis bien évidence, des petits

fascicules consacrés aux héros de la révolution algériennes, et dont celui

consacré à Ferhat Abbas, m’a choquée au plus haut point, pas seulement par ce

qu’il comporte de calomnieux, sur le grand homme, mais parce que son contenu

est un danger pour les enfants algériens, et même un crime contre eux, du fait

qu’ils sont trop jeunes pour comprendre ce dont cet auteur leur parle.

Et ce qui encore afflige, c’est que les représentants mêmes des droits de

l’homme, ceux censés défendre la dignité de l’être humain, se sont mis de la

partie, rejoignant la horde des comploteurs.

Cette horde de comploteurs, faisant table rase de ces 42 ans de combat

politique de Ferhat Abbas au service de son peuple, oubliant que c’est grâce à

cet homme, et à ses compagnons, que cette horde de comploteurs est instruite et

libre, sinon elle serait encore sous la coupe du code de l’indigénat, avec pour

seule nourriture de l’herbe et des racines, telle une bête de somme.

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Cette croisade de la haine contre ce grand homme est une honte, une

grande honte vis-à-vis des nations du monde qui nous regardent, et qui voient

ces intellectuels algériens, 50 ans après l’indépendance de leur pays, et après ce

qu’a vécu cet homme de malheureux, en train d’entacher sa mémoire, alors que

ces mêmes nations honorent Ferhat Abbas en lui rendant hommage. Pour seul

exemple le royaume chérifien qui lui a délivré en 2005, à titre posthume, le

Wissam alaouite, haute distinction remise au palais royal à son fils Abdelhalim

Abbas.

Mais il est vrai que véhiculer ces propos sur la nation algérienne est

devenu un passeport pour l’obtention d’un poste ou d’une promotion. En fait cet

acte est criminel, puisqu’il s’agit ici de l’honneur d’un homme, et de l’histoire

d’un peuple. Et qu’en agissant ainsi, ils se mettent sans le savoir au service

d’une idéologie, à penser qu’ils n’en fassent pas partie.

C’est à se demander d’où vient cette haine et qui attise le feu, et à qui

profite aujourd’hui le crime, de matraquer la tombe d’un homme mort depuis 26

ans et qui n’a jamais fait de mal à personne, ménageant jusqu’à l’occupant de

notre terre au nom d’un humanisme qui lui collait à la peau comme un autre luimême.

Il est nécessaire de rappeler quelque peu ici ce que j’ai écrit dans mon

livre « Ferhat Abbas. L’injustice » où je me suis longuement attardée sur cette

question de la nation algérienne, qui constitue le coeur de mon ouvrage,

démontrant scientifiquement, sur la base de preuves tangibles, que Ferhat Abbas

ne pouvait avoir écrit quoique ce soit au sujet de la nation algérienne un 23

février 1936 dans le journal L’Entente, puisque cette date retenue par la majorité

des historiens, est un dimanche, jour de repos hebdomadaire, et que L’Entente

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hebdomadaire, paraissait le jeudi. Ceci est une preuve parmi d’autres que j’ai

données dans mon livre.

Et admettons, comme ils le disent que Ferhat Abbas aurait dit que la

nation algérienne n’existe pas, se pose alors la question de savoir pourquoi ces

historiens n’ont jamais brandi l’original de l’article en question. S’il n’a pas été

brandi de 1936 à ce jour, c’est que cet article n’existe pas, puisque le 23 février

1936 est un dimanche, jour de repos hebdomadaire durant la période coloniale.

Et il est étonnant de constater que cette question de la nation surgisse

justement en 1936, l’année du Congrès musulman, une année de l’union des

élites indigènes francophone et arabophone, quelque soit sa tendance politique,

l’union sacrée dans le but de libérer la patrie.

Cette union sacrée si chère à Ferhat Abbas de 1920 à son livre posthume

« Demain se lèvera le jour » sur laquelle, il a encore insisté.

Comment se relever de la traîtrise ? Le grand homme se relèvera, mais il

vivra très mal le fait qu’on ait fait de Ben Badis, cet homme pour lequel il avait

respect et amitié, celui qui l’aurait fustigé par rapport à la question de la nation.

Les propos de Ben Badis s’adressaient aux indigènes naturalisés qui, pour

cette naturalisation avaient renoncé à leur foi. Comme les avaient d’ailleurs

fustigés, l’émir Khaled à son époque.

Mais ici, les détracteurs de Ferhat Abbas se sont trompés de cible, car

Ferhat Abbas ne s’était pas naturalisé français. Et le président de l’association

des Oulémas n’était pas sans l’ignorer. Donc en s’exprimant au sujet des

naturalisés, ce n’est pas à Ferhat Abbas que Ben Badis s’adressait.

Mais au fond que nous importe que Ferhat Abbas aurait écrit ou non en

1936 que la nation algérienne n’existerait pas, lorsque nous savons ce qu’il

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donna de lui-même à cette même nation, et qu’il a bel et bien répondu présent

au moment où cette nation avait besoin de tous ses enfants pour faire sa

révolution. Et c’est cela le plus important.

Il est clair que les Algériens ne sont pas dupes, sinon comment expliquer

cet engouement autour de l’édition algérienne de l’oeuvre de Ferhat Abbas ?

Si les Algériens ne sont pas dupes et que la théorie du complot est

désormais acquise pour nombre d’entre eux, vous autres Sétifiens qui avaient

connu Ferhat Abbas, ou ceux, plus jeunes dont les parents n’ont pas pu ne pas

leur transmettre le message concernant cet homme prodigieux, dont la fibre

nationaliste est au dessus de tout soupçon, vous les sétifiens de son coeur, vous

êtes mieux placés que quiconque pour savoir.

Conclusion

Voilà l’itinéraire d’un homme d’une exceptionnelle qualité, un homme

qui ne s’est tant démené que pour voir son peuple heureux. Il est notre fierté,

n’en déplaise à ses détracteurs. Et puisque l’occasion se prête, permettez-moi au

nom de mon algérianité, de lui dire « Merci », et surtout de nous pardonner nos

anciens silences dont ses détracteurs ont profité.

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