La bataille pour le contrôle de la ville portuaire de Hodeïda, cruciale pour l’aide humanitaire, risque de causer une « famine de masse ». Une ONG publie un bilan déjà très grave.
Malgré les appels à l’accalmie, de violents combats ont repris dans la nuit de mardi à mercredi au Yémen, notamment autour du port de Hodeïda, par où transitent les trois-quarts de l’aide humanitaire. Des quartiers résidentiels ont été bombardés. La nuit précédente, l’est de la ville avait connu les affrontements les plus violents depuis la désescalade du 14 novembre.
C’est dans ce contexte qu’une ONG s’alarme des ravages que fait peser ce conflit sur la population, en particulier sur les enfants. Save The Children affirme avoir utilisé des données de l’ONU pour évaluer les taux de mortalité dus aux cas de malnutrition sévère et de maladie chez les moins de cinq ans.
Se basant sur une « estimation prudente », l’ONG avance qu’environ 84 701 enfants seraient morts de faim ou de maladie entre avril 2015 et octobre 2018. D’autres ont été tués dans les combats qui ensanglantent le pays, le plus pauvre de la péninsule Arabique.
« Nous sommes horrifiés par le fait qu’environ 85 000 enfants sont morts de faim. Pour chaque enfant tué par des bombes et des balles, des douzaines meurent de faim et on peut l’éviter », déplore le directeur de Save The Children pour le Yémen, Tamer Kirolos.
Des pourparlers espérés début décembre
Selon l’ONU, la guerre entre le gouvernement – soutenu par une coalition dirigée par l’Arabie saoudite — et les rebelles Houthis a fait environ 10 000 morts depuis 2015. La famine menace par ailleurs 14 millions d’habitants, dont la moitié d’enfants.
L’Unicef estime aussi que 4,5 millions d’enfants risquent d’être privés de scolarité. Plus de 2 500 écoles ont été endommagées ou détruites et les enseignants du secteur public n’ont pas été payés depuis presque deux ans.
La Grande-Bretagne a présenté au Conseil de sécurité un projet de résolution demandant une trêve à Hodeïda et le passage, sans obstacles, de l’aide humanitaire.
Ce mercredi, un émissaire des Nations Unies, Martin Griffith, est attendu à Sanaa, la capitale, avec l’espoir de préparer de prochaines consultations de paix en Suède. Il table sur un démarrage des négociations « dans quelques semaines ». Et le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a indiqué qu’elles pourraient avoir lieu « début décembre ».
(Le parisien,Ph.L. avec AFP| 21 novembre 2018)