Dans une tribune en ligne, l’ancien directeur du FMI déplore que « le contexte dans lequel ce diktat a eu lieu crée un climat dévastateur » en Europe.
DSK s’invite (encore) dans la crise grecque. Près d’une semaine après l’accord signé entre Athènes et la zone euro pour éviter un Grexit, l’ancien directeur du Fonds monétaire international s’adresse à ses « amis allemands » dans un billet mis en ligne ce samedi 18 juillet.
Dans cette tribune publiée en trois langues (anglais, allemand et français), DSK ne mâche pas ses mots et regrette que « le contexte dans lequel ce diktat a eu lieu crée un climat dévastateur » en Europe.
« Nous tournons le dos à la solidarité citoyenne »
Pour Dominique Strauss-Khan, les premiers responsables de cette situation sont les créanciers de la Grèce, qui ont voulu « saisir l’occasion d’une victoire idéologique sur un gouvernement d’extrême gauche au prix d’une fragmentation de l’Union ».
« A compter nos milliards plutôt qu’à les utiliser pour construire, à refuser d’accepter une perte, à préférer humilier un peuple parce qu’il est incapable de se réformer […] nous tournons le dos à ce que doit être l’Europe, nous tournons le dos à la solidarité citoyenne d’Habermas », regrette-t-il.
Sévère avec les créanciers, l’ex-patron du FMI accorde en revanche un satisfecit à François Hollande et Angela Merkel :
Hollande a tenu bon. Merkel a bravé ceux qui ne voulaient à aucun prix d’un accord. C’est à leur honneur. Un plan a de bonnes chances d’être mis en œuvre, repoussant, sinon effaçant, les risques de Grexit. »
Un accord salvateur, certes, mais « insuffisant », aux yeux de Strauss-Kahn.
Les conditions de cet accord, quant à elles, sont proprement effrayantes pour qui croit encore en l’avenir de l’Europe », déplore celui qui avait plaidé fin juin pour un allègement de la dette de la Grèce.
Dans ce climat de crise européenne, pour « survivre parmi les géants » du monde, « pour être un modèle », l’Europe, conseille DSK, « doit voir loin, refuser les mesquineries, jouer son rôle dans la mondialisation, en un mot, continuer à façonner l’Histoire ».
G.S.(L’OBS)