Jean-Claude Beton, génie de la communication qui a transformé Orangina, boisson gazeuse née en Algérie en 1936, en un soda mondialement connu à la petite bouteille ronde, est mort ce lundi à Marseille (Bouches-du-Rhône) à l’âge de 88 ans.
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a fait part dans un communiqué de son «émotion», saluant un
«inventeur de génie».
«A l’avant-garde de la communication et du marketing, Jean-Claude Beton et son soda aux courbes généreuses ont participé à l’essor économique de la ville et marqué de nombreuses générations du monde entier», souligne l’élu provençal.
«C’est la perte d’un entrepreneur qui a fait rayonner le territoire Marseille Provence dans le monde entier», a réagi de son côté Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et ancien PDG d’Orangina-Schweppes, rendant hommage à «un surdoué de la communication».
Orangina, une véritable saga
L’aventure avait commencé à Boufarik, à une trentaine de kilomètres d’Alger, où l’entrepreneur naît le 14 janvier 1925, dans une famille de commerçants prospères. En 1936, son père sort la première bouteille «d’Orangina, soda de naranjina», à partir d’une formule élaborée par un pharmacien de Valence, en Espagne.
Les ingrédients: concentré d’orange, eau sucrée gazeuse et un soupçon d’huile essentielle. Mais la guerre civile espagnole, puis la Seconde guerre mondiale stoppent le projet.
Jean-Claude Beton, diplôme d’ingénieur agronome en poche, ressort l’idée des cartons. En 1951, le projet se concrétise. La bouteille s’arrondit et prend l’aspect granuleux des oranges. En dessinant un zeste d’orange en guise de parasol sur fond de ciel bleu, une table de bistrot et la bouteille ventrue, l’affichiste Bernard Villemot donne une identité graphique à la marque.
Après avoir séduit le Maghreb, Orangina part à la conquête de la métropole où le groupe prend ses quartiers en 1961 à Marseille, à l’approche de l’indépendance de l’Algérie.
L’ascension est fulgurante.
La saga Orangina est née.
Ses publicités deviennent des références incontournables où les plus grands réalisateurs comme Jean Baptiste Mondino ou Alain Chabat s’exercent. La structure familiale est de plus en plus convoitée, pour finir par être croquée, en 1984, par le groupe Pernod-Ricard.
Son fondateur, qui gérait l’entreprise à l’ancienne, maternant ses employés (instauration des 39 heures avant 1982, intéressement et participation), reste à la présidence un temps. Mais il commence rapidement une seconde vie, investissant dans les oliviers et surtout le vin avec l’acquisition du château Grand Ormeau, dans la prestigieuse appellation bordelaise Lalande-de-Pomerol. De son côté, Orangina change de mains à plusieurs reprises jusqu’à son rachat par le japonais Suntory, fin 2009.
(LeParisien.fr)