C’est l’option très sérieusement envisagée ce 14 novembre par les équipes de la mission Rosetta.
Une opération de sauvetage à 500 millions de km de la Terre.
RELAIS. Les scientifiques de l’Agence spatiale européenne (ESA) ont fait ce vendredi 14 novembre 2014 un nouveau point sur l’état de santé du petit robot Philae.
L’engin est donc calé dans une zone rocheuse de l’inhospitalière Tchouri où l’ensoleillement est extrêmement faible. C’est un problème majeur, puisque lorsque la première batterie du « lander » sera épuisée, la seconde batterie, alimentée par des panneaux solaires, devait prendre le relais.
Philae échappera-t-il à l’hibernation ?
Le seul espoir pour prolonger l’activité de Philae est donc de le déplacer légèrement afin que ses panneaux captent mieux la lumière du Soleil. « C’est envisageable », déclare Philippe Gaudon (chef de projet Rosetta au CNES) dans ce point presse. « Nous réfléchissons à utiliser pour cela le volant d’inertie » reprend Stephan Ulamec, responsable en charge de l’atterrisseur au DLR (Cologne, Allemagne). Le volant d’inertie a été initialement conçu pour maintenir Philae en position horizontale au cours de sa descente.
Ce dispositif, télécommandé depuis la Terre, permettrait, par son mouvement, de faire bouger Philae de quelques cm. C’est peu, mais cela représenterait quelques cm2 d’ensoleillement supplémentaires sur les panneaux solaires. Un apport d’énergie critique, qui pourrait sauver le robot de l’hibernation.
Avec l’ensoleillement actuel, « il est très improbable que le lander puisse communiquer » une fois que la première batterie sera déchargée, explique Valentina Lommatsch (DLR). « Les 1,5 heure d’ensoleillement, toutes les 12 heures, produisent en moyenne moins de 1 watt. Avec, pendant 20 mn, un pic à 3 ou 4 watts. Or le lander a besoin de 5,1 watt pour se mettre en marche.
Après cela, il faut encore chauffer la batterie jusqu’à 0° celsius pour pouvoir la charger ». Et la surface de la comète est, en moyenne, à -70° C ! « Pour réchauffer la batterie, il faut 50 à 60 wattheures par jour. Après cela, il faut qu’il reste suffisamment d’ensoleillement pour charger la batterie ».
ENSOLEILLEMENT. Autrement dit, si Philae reste là où il est, il est de fait condamné à l’hibernation. Muet comme une bûche, il ne pourra ni effectuer d’analyses scientifiques, ni communiquer avec la Terre – par l’intermédiaire de Rosetta.
Toujours dans ce scénario, le réveil de Philae pourrait avoir lieu lorsque la comète Tchouri sera beaucoup plus près du Soleil, à environ une unité astronomique de notre étoile. « L’éclairage pourrait redevenir suffisant pour alimenter Philae et le tirer de son sommeil » reprend Valentina Lommatsch. « À condition cependant qu’à ce moment là la comète n’émette pas trop de poussière qui pourrait bloquer l’arrivée de la lumière ».
Les jets cométaires deviendront aussi plus actifs : on ne peut pas exclure que l’un d’entre eux propulse Philae loin de sa nouvelle demeure, d’autant plus qu’il n’y est pas accroché, ses harpons n’ayant pas fonctionné.
Actuellement, Philae n’est pas en communication avec Rosetta, la sonde étant derrière la ligne d’horizon de la comète. Le robot poursuit ses opérations scientifiques, notamment sa foreuse, qui s’est déployée de 25 cm, sans qu’on sache cependant si c’était dans le vide ou si elle a pénétré le sol.
L’instrument SD2 est chargé d’une mission de la plus haute importance : récupérer des échantillons sous la surface puis les distribuer à d’autres outil de Philae qui vont analyser leurs compositions.
Les questions sont donc de savoir si l’analyse pourra avoir lieu, et s’il y aura assez d’énergie dans la première batterie pour que ces données puissent être transmises à l’ESA.
La prochaine communication entre Philae et Rosetta est prévue pour 21 H UTC soit 22 H à Paris. Aura-t-elle lieu ?
RÉUSSITE. Tous les instruments de Philae ont fonctionné, comme l’on confirmé ce vendredi 14 novembre l’ESA et le CNES. Mieux encore, le robot a d’ores et déjà collecté 80 % des données qu’il était censé engranger pendant sa mission.
(Sciencesetavenir.fr)